Swimrun Vassivière 2016

Vassivière, France

par Jean-Nicolas

Nos premiers pas : Swimrun Sang Pour Sang Vassivière

par Jean-Nicolas


Mise en place

Dès notre inscription pour l'Engadin Swimrun, nous savions qu'il nous faudrait un galop d'essai afin de ne pas être totalement dans l'inconnue le jour J. En natation, les objectifs de la saison étaient les championnats de France Masters et les championnats d'Europe Masters à Londres. Trouver une date au milieu de ces compétitions et de la préparation n'a pas été facile mais le Swimrun de Vassivière début Juin était parfait à la fois en terme de timing et de distances proposées. La possibilité de faire deux fois la boucle est appréciable et nous amène à faire 35.4km de course à pied et 5.6km de natation avec un peu de dénivelé au milieu. C'est le format parfait pour une mise en jambe et un apprentissage express.

Nous prenons le temps de nous occuper de nos combinaisons. D'après ce que nous avons pu voir, il faut couper les manches au dessus du coude et les jambes au dessus du genou. Après avoir suivi le tutoriel YouTube, nos combis sont coupées et prêtes pour un test en piscine. C'est alors que je me rends compte que ma combi n'est pas à la bonne taille, pourtant j'avais suivi les indications au moment de la commande. La combi n'est pas assez près du corps et l'eau s'infiltre, impossible de nager dans de l'eau à moins de 16° dans ces conditions. Je décide alors de me rabattre sur la RS1 Swimrun d'Orca car j'ai déjà une combi de cette marque et je connais ma taille. J'aime ce modèle d'autant plus qu'il est déjà coupé au niveau des jambes et que les manches sont longues, ce qui me semble parfait et me convient très bien. Nous sommes rassurés par la flottaison des XTalon, j'ai l'impression de ne rien avoir aux pieds et avec le pull boy je ne ressens aucune gène. Stéphane est conquis par sa combinaison et ses chaussures.

La course

Après la mascarade des championnats d'Europe Masters à Londres, cela faisait du bien de se changer les idées sur quelque chose de neuf et plaisant sans prise de tête. Le départ de la course étant à 15h00, nous avions décidé de partir en voiture de Paris à 8h00. Ce fut un peu juste puisque nous sommes arrivés au retrait des dossards à 14h15. Nous n'avons pas eu le temps de nous poser trop de questions, on s'est équipé et on y est allé.

C'est là qu'on a fait notre première erreur, au moment de mettre les chaussures, nous nous sommes dit que ce serait mieux sans chaussettes. Nous pensions qu'elles se gorgeraient d'eau et seraient plus une gêne qu'autre chose. Nous avons choisi de ne pas nous encorder, a priori nous avons un niveau similaire en natation et en course à pied. Stéphane a préparé son pull boy comme indiqué dans le tutoriel fourni par Head. Je ne suis pas trop convaincu par cette technique, bien que ce soit la plus répandu. J'ai choisi de mettre un élastique sur mon pull boy et d'y faire passer une petite corde pour pouvoir le mettre sur l'épaule en bandoulière. Je ne sais pas trop quoi faire de mes plaquettes donc je vais les tenir dans les mains et on verra bien comment ça se passe. On enfile la combi et on passe la chasuble par dessus. On ne sait pas quel choix faire car il faut avoir la chasuble visible tout le temps donc si on veut enlever ou remettre la combi, il faut enlever la chasuble. Je n'ai pas envie de perdre de temps dans les transitions donc je met la combinaison en entière.

Arrivés au départ, nous nous frayons un chemin au milieu des autres concurrents pour ne pas être complètement derrière. C'est alors que je me rend compte que je n'ai plus ma paire de lunettes de natation que j'avais préparé dans la voiture. Je refais deux fois le trajet pour essayer de les retrouver mais elles ne sont nulle part. Tant pis ce premier Swimrun se fera sans lunettes pour moi. On se retrouve au milieu du peloton quand le départ est donné. Nous découvrons le parcours au fur et à mesure. Une première montée se présente et on maintient un rythme soutenu pour remonter sur la tête que nous n'apercevons déjà plus.

Là je me rends compte de deux choses, j'ai une gêne au niveau du talon d'Achille droit, ça doit être un petit caillou et il fait sacrément chaud avec la combi complète. En effet, le soleil tape fort à 15h00 et après une première partie ombragée, les 5 premiers kilomètres s'éternisent en plein soleil, je bous dans ma combi. Ça fait 25min qu'on est parti, je me demande où est la piscine, je suis beaucoup trop haut dans les tours alors qu'on n'est pas si rapide que ça. Ce n'est que là que je pense à ouvrir l'avant de ma combinaison, ça va déjà mieux, j'arrive à stabiliser ma respiration et mon rythme cardiaque mais je suis toujours à la limite et on a encore rien fait au vue de ce qui nous attend. Heureusement la première mise à l'eau arrive et nous doublons une bonne dizaine d'équipe avant même de commencer à nager. Nous partons pour 470m, ça me fait le plus grand bien mais je manque de lucidité et il y a des équipes partout dans l'eau. Stéphane ne suit pas la même route que moi dans l'eau, tant pis on se retrouvera à la sortie. Nous doublons beaucoup de monde dans l'eau malgré la faible distance, je suis un peu étonné mais ça regonfle mon moral qui était en berne jusque là.

On est beaucoup mieux sur la deuxième course à pied et on arrive rapidement sur la deuxième natation. Un peu trop rapidement même je ne scratche pas correctement l'avant de ma combinaison et ces 670m sont un calvaire pour moi car j'ai une grosse boule d'eau sous le ventre. Je n'arrive pas à suivre Stéphane alors que je devrai être devant, j'essaye de rester calme et d'avancer du mieux que je peux avec ce poids supplémentaire. J'ai l'impression d'être le bibendum Michelin. Encore une fois nous ne sommes pas restés ensemble sur la partie natation, la faute au nombre d'équipes que nous avons du doubler et à mon manque de concentration suite au problème d'eau dans la combi. J'ai vraiment l'impression d'être un débutant qui fait n'importe quoi. Stéphane m'attend à la sortie, je suis 10 secondes derrière. On part sur les 4300 de course à pied et on fait un premier bilan. On court pas mal, il faut qu'on arrive à rester ensemble en natation et qu'on soit plus concentré pour ne pas faire d'erreurs stupides qui nous font perdre du temps pour rien. Arrive le premier ravitaillement, nous voulons aller trop vite, on ne prend pas le temps et on ne boit pas assez. On est pourtant parti depuis 10km et il aurait fallu faire un peu plus attention à ce ravitaillement. Nous le paierons plus tard.

Nous nous engageons sur la deuxième partie de la boucle qui comprend la bosse. Nous sommes bien et nous essayons de courir. Cependant nous constatons rapidement que cela monte bien plus que nous l'avions anticipé. Encore une mauvaise gestion de notre part, on a attaqué trop fort au début et on y a laissé de l'énergie qu'il nous manque pour finir la montée. On se refait la cerise dans la descente et nous doublons enfin une équipe en course à pied. Jusque là nous doublions uniquement en natation avant de nous faire rattraper sur la course à pied. Nous finissons la première boucle autour de la dixième place en approximativement 2h35 (nous n'avions pas pris de montre). Nous profitons du ravitaillement pour prendre le temps de boire et de s'alimenter. Nous décidons également de voir comment vont nos pieds. Et là c'est le drame, sans chaussettes, et avec les frottements nous avons des cloques ouvertes sur les talons et les orteils. Tant pis, on vide les cailloux et on repart pour un tour. Il aurait sans doute était plus sage de ne pas faire la deuxième boucle mais ni Stéphane ni moi n'osons dire stop à l'autre. Nous sommes restés au ravitaillement une bonne dizaine de minutes et nous sommes le 12è binôme à partir sur une deuxième boucle.

Nous savons qu'il y a deux binômes à moins de 5 minutes devant nous et qu'ils nagent moins vite que nous. En plus nous connaissons déjà le terrain donc nous gérons très bien les deux premiers enchaînements et nous sortons de la natation avec moins de 15 secondes de retard sur le binôme devant nous. Je suis bien, je ne pense qu'à rattraper les équipes de devant sans toutefois nous mettre trop dans le rouge. Cependant le 4300 qui nous attends va nous être fatal. Stéphane est moins bien que moi, il commence à avoir des crampes et il se tord la cheville sur une racine. Nous décidons alors de gérer jusqu'à l'arrivée afin de ne pas se blesser. Nous payons également la mauvaise gestion des ravitaillements. Nous étions arrivé un peu trop la fleur au fusil et nous n'avions pas vraiment anticipé ce qui nous attendait. La partie course à pied est longue et nous avons soif. Nous arrivons au premier ravitaillement et nous prenons enfin le temps de bien le faire. Mais c'est trop tard, il faut au moins 20 minutes pour assimiler tout ça. Nous décidons alors de marcher jusqu'à la prochaine mise à l'eau afin de pouvoir finir sereinement. Le vent se lève, la nuit commence à tomber, il fait plus froid désormais et on n'ouvre plus la combi. Sur le dernier ravitaillement solide, nous prenons le temps de discuter avec les bénévoles, la lucidité est là, nous sommes juste fatigué.

Le manque de préparation se fait sentir. Stéphane est dans le dur mais je ne suis pas bien mieux. Nous avons abandonné l'idée de gagner des places et nous regardons derrière si ça revient. Nous avons une marge confortable qui nous permet de gérer les parties course à pied. Maintenant que nous sommes seuls dans l'eau nous arrivons à rester ensemble. Stéphane commence à avoir vraiment froid, il ne se sent pas bien sur la dernière natation. On finit au petit trot en 6h09, le temps n'a que peu d'importance mais la course est pleine d'enseignements pour le futur. Un bon pâté et du fromage nous attendent à l'arrivée et nous les dévorons avec la satisfaction d'avoir fini. Il fait vraiment froid à l'arrivée et nous ne pouvons resté mouillés trop longtemps. On file à la voiture, nos pieds sont ouverts et saignent, ce n'est pas très agréable. On met le chauffage à fond et on se change. Direction l'hôtel, malheureusement à 21h30 dans la Creuse les restaurants sont fermés. Tant pis, quelques bières et cacahuètes plus tard c'est l'heure du repos.

Le bilan

Finishers

On a fini les deux boucles, ça reste quand même une satisfaction pour une première surtout quand je ne me voyais pas finir au bout de 25 minutes.

Esprit d'Equipe

On avait choisi de ne pas s'encorder, pour la course à pied il n'y a pas eu de problème. Par contre en natation, il faut être beaucoup plus vigilant, nous ne sommes pas suffisamment restés ensemble.

Ravitaillement

Nous n'avons pas fait assez attention aux ravitaillement et nous l'avons payé cher avec un manque de carburant au 3/4 de la course. La gestion de la chaleur est également compliquée, il faut savoir ouvrir voir enlever la combinaison quand il fait trop chaud.

De l'importance des chaussettes

Ne plus faire de Swimrun sans chaussettes, nos pieds blessés vont nous empêcher de s'entrainer pendant quasiment un mois.

Matériel

La gestion du matériel a été bonne, nous n'avons eu aucun problème que soit avec la combi, le pull ou les plaquettes.

Rester humble

Nous sommes beaucoup moins confiants pour Engadin. Nous manquons clairement de préparation et le Swimrun n'est pas une formalité, il faut un réel investissement dans chaque composante de la course pour ne pas perdre du temps précieux.