Ötillö Swimrun World Championships 2019

Sandhamn - Utö, Suède

par Yann

Ötillö 2019 - Un défi Ultime

par Yann

MARDI 1 JANVIER 19

UN NOUVEL AN PAS COMME LES AUTRES

On se retrouve avec une quinzaine d’amis à la maison pour réveillonner. Dans les préparatifs, nous avons décorés la maison et habilement sur la porte d’entrée, j’ai écrit un petit texte dont les mots se répètent souvent dans ma tête depuis l’été…: ÖtillÖ 2019. Avec mon partenaire de Swimrun attitré Jean Nicolas, nous avons pour objectif de se qualifier à la finale mondiale du circuit de swimrun ÖtillÖ mais nous ne sommes pas assez bons pour finir dans les 3 premiers d’une coupe du monde, ce qui permettrait de se qualifier d’office. Nous sommes 68ème au classement mondial de l’année 2018 et les 58 meilleurs sont qualifiés à la finale, notre seule possibilité donc est de faire dans les 2 années précédentes 5 world séries et 2 merit races organisés par ÖtillÖ. Nous nous sommes pris au jeu de ce sport depuis 2017 et nous sommes à 4 coupes du monde et 1 merit Race déjà… si avant le mois d’aout 19, on fait 1 world séries et 1 mérit Race, on peut prétendre participer à la finale… Nous décidons donc avec JN de nous inscrire à Hvar pour le world séries en avril 19 (nous l’avons déjà fait en 2018 : les conditions de courses et les paysages sont justes génialissimes) et de trouver une merit race, là c’est plus compliqué… nos calendriers sont assez chargés et il est plutôt difficile de trouver une date sympa… Marocco en mai, Belgique en mai, Costa Brava en avril… Bref, nous nous laissons le temps de réflexion avant de nous lancer.

Le réveillon se passe et nous sommes le 1er janvier, l’heure des bonnes résolutions. Depuis de nombreuses années, je n’en prends personnellement plus, car je sais que je ne peux rien tenir, la procrastination et le rythme de la vie ont pris le dessus sur pas mal de mes occupations. Mais je décide quand même 3 choses qui me paraissent possibles :

  • Arrêter le Nutella (j’ai bien diminué ma consommation, j’ai été jusqu’à 3 pots / semaine de 750g pour ne plus être qu’à 1pot d’1kg, voir un pot tous les 15 jours en 2018)
  • Reprendre le sport, je vois bien que j’ai de plus en plus de mal à faire des compétitions, mon physique n’est plus ce qu’il était, mon corps me le rappelle, aussi bien en me montrant de belles poignées d’amour, mais aussi en me faisant baisser de rythme considérablement par rapport aux années passées ; en résumé j’en chie grave dès que je fais 50m dans l’eau et dès que je cours ou marche… Par respect pour mon binôme, avec qui j’ai l’impression d’être un gros boulet, je me dois de retrouver un semblant de condition physique. Le plaisir n’en sera que démultiplié.
  • Tenter de nous inscrire à la finale mondiale de l’ÖtillÖ, dans le règlement (qui est en anglais) on peut interpréter le fait que si dans les 58 équipes qualifiés au titre du classement mondial 2018 certaines sont forfaits, les suivants peuvent être intégrer… Nous sommes à 10 places d’une sélection, ça vaut le coup d’essayer. Je demande à JN son approbation après nous avoir inscrit, ouf il est d’accord, même si pessimiste. 😊

JEUDI 7 FEVRIER 19

UNE BONNE NOUVELLE

Un mois que j’ai repris les entraînements de natation, mais je n’ai pas recommencé à courir, j’ai des douleurs de « vieux » une cheville gauche qui me gêne énormément, une hanche droite fragilisée par une belle glissade au bord des bassins et une épaule dont je sens la tendinite sur chacun des mouvements de crawl et/ou dos. J’ai donc rendez-vous chez Xavier, un de mes anciens nageurs Ostéo pour qu’il me remette en place, tel le magicien qu’il est : rendez-vous à 12h30. Seulement à 12h, sur le site internet ÖtillÖ sont annoncées les équipes qualifiées à la finale… Je rafraîchis la page toutes les 5 secondes environ, excité comme l’un de mes chats qui me voit rentré à la maison. 11h45, rien normal ! 11h55 rien, toujours normal, ils ont annoncé 12h ! 11h59, rien, 12h00 rien, 12h00’30 rien, 12h01 rien, 12h02 rien non plus… jusqu’à 12h05 j’appuie sur la touche F5 de mon clavier d’ordinateur pour rafraîchir la page et toujours rien, d’habitude les scandinaves (organisateurs de l’évènement) sont hyper pros et dans le timing… Comme je dois me rendre chez l’ostéo, Je laisse tomber et me prépare à partir. Juste avant je décide d’aller sur le site de la course des championnats du monde, je regarde une dernière fois le parcours : 65 km en course à pied 9.5 en nageant… dans l’absolu, ça n’a pas l’air si dur que ça. Je regarde également les start list et là je vois : Qualifiés 2019 : en page 2, Les Vieux Neptuniens #1, notre nom d’équipe avec Jean Nicolas ainsi que nos noms… Je ne rêve pas, nous sommes dans la liste, nous sommes qualifiés !!! J’ai pour habitude de beaucoup intériorisé mes sentiments, mais là je me laisse aller à un « YES » les bras levés vers le ciel (enfin vers le plafond). Nous y sommes !!!

DIMANCHE 11 FEVRIER 19

UN PACTE DE CONFIANCE

A peine le temps d’être content d’être heureux, le rythme de la vie reprend son cours, je me rends à Paris pour ma semaine à l’école. Avec JN, nous abordons rapidement le sujet de cette qualif, pas d’exaltation, juste le sentiment de satisfaction d’avoir la chance de tenter cette aventure. Car nous n’avons pas de prétention particulière, juste l’envie de terminer une course qui parait être hors norme. Pour la rendre moins difficile, il va falloir être en forme et pour se faire être le plus assidu possible aux entrainements.

S’il y a bien une chose que j’ai pu apprendre grâce à mes années sportives, c’est qu’on est capable de tout, j’ai eu l’occasion de faire quelques Ironman sans trop de préparation… Mais que du coup, on n’est un acteur passif, c’est-à-dire que l’on va subir à un moment donné la douleur et devoir la gérer au mieux pour terminer la course. La notion de plaisir flirte avec celle de la douleur et subir les évènements qui arrivent (pluie, vent, froid) peut vite prendre des proportions importantes et faire perdre encore plus de temps. Bref, du coup, pour cette course ÖtillÖ, je décide de m’y prendre autrement, en essayant de préparer mon corps à être un peu plus fort et moins subir les conditions, pouvoir lui demander des accélérations, un rythme plus soutenu ou tenir plus longtemps !

Direction l’entraînement!

WEEK END 23-24 FEVRIER 19

LE DEBUT DE LA PREPARATION

6 semaines se sont écoulées depuis ma reprise du sport, je me sens de mieux en mieux, les douleurs du début du mois sont passées et aujourd’hui, je me sens fort! Tout est relatif, je me sens fort par rapport à avant, pas par rapport aux autres. J’ai fait quelques footings sans regarder la montre que du plaisir, j’ai même pu y aller avec Chacha. Chose impensable il y a encore quelques semaines, je peux aller seul faire du sport, ça ne me saoule pas, je prends même un malin plaisir à faire une activité quelle qu’elle soit.

Ce weekend, avec JN, on décide de se retrouver à St Laurent de Gosse à la frontière des landes et des Pyrénées Atlantiques, pour aller faire un petit weekend sport. La Rhune samedi, puis un tour dans la baie de St Jean pour y faire les premiers coups de bras dans l’eau fraiche (trop fraîche d’ailleurs) et dimanche une sortie CAP à travers les pins, une traversée Tarnos - Hossegor, qui nous laisse le droit de se faire un petit plaisir au restaurant Tante Jeanne, que l’on apprécie particulièrement. Une marche digestive en famille sous un soleil printanier est appréciée à sa juste valeur! On en veut tous les jours de ce temps ensemble…



3 MARS 19

PREMIERE COMPETITION DE NATATION

Le nom est quelque peu ronflant, mais c’est la première fois depuis 17 ans, que je n’ai pas le rôle de coach sur une compétition où je nage. Mieux, je suis entrainé presque 2mois que je nage régulièrement et que je fais des temps à l’entrainement qui me laisse imaginer que je vais prendre beaucoup de plaisir ! Et bien c’est raté ! Sur aucune des mes 4 courses, je ne trouve une nage cohérente, pire je fais des temps de poussins, je fais n’importe quoi, je m’arrête remettre mes lunettes plusieurs fois, je fais des gestions de courses toutes pourries et je m’inflige un programme auquel je ne suis pas encore prêt 400, 1500, 200 et 100m NL. Bilan rendez-vous chez le médecin dès lundi matin, tendinite à l’épaule et au tendon de la cheville gauche, il va falloir freiner un peu les séances ou mieux s’organiser : bien planifier des plages de repos et bien s’alimenter notamment. Gros programme, quand on est gourmand comme moi.

9 MARS 19

PREMIER GROS COUAC

On est Jeudi, je passe au comité de Gironde pour régler 2 ou 3 petites choses pour le compte de mes fonctions de responsable de commission sportive et Fabien, le responsable développement (ça c’était pour qu’on puisse se la péter le jour où on reliera ce texte Fab) me dit qu’il court samedi soir un petit trail de 18km à Bassens. C’est à 15min de la maison, je me le cale dans le programme, ça me fera faire une petite sortie technique et me bouger un peu à pied, car j’ai du mal à m’y mettre sérieusement. J’y inscris Chacha, tant qu’à aller courir autant le faire avec les gens qu’on aime. Le monde est tellement petit que l’on retrouve 2 de ces anciens collègues qui participent aussi. Je me retrouve 8ème place au général en ayant coupé suite à une vive douleur ressentie à la fin du premier tour (déchirure musculaire au mollet droit), malgré mes contestations pour être disqualifié… La fin de journée est délicate, j’ai mal et le moral dans les chaussettes.

8 AVRIL 19

OTILLO HVAR

1 mois a passé depuis la dernière course, j’ai bien tenté d’aller recourir 2 fois avant de partir en Croatie à la world séries avec JN et Thanh mais à chaque fois les tentatives de sorties course à pied sont avortées car la douleur reviens très rapidement (à peine 600m au mieux), il en va de même l’avant-veille de la course, ce qui ne me rassure pas profondément, encore moins Jean Nico et Thanh. Jean Nico car il va devoir se trimballer une fois de plus un boulet éclopé et Thanh car je le mets dans la confidence : je ne suis pas certain de prendre le départ et il pourrait me remplacer…

Finalement, je ne veux pas imposer à Thanh, un parcours aussi dur, il ne se sent pas encore prêt, nous prenons donc le départ avec Jean Nicolas avec pour ambition de faire une course d’attente : ne pas partir trop vite et tenter de faire le meilleur chrono possible à l’arrivée. Au bout de 1200m de course, impossible de courir, la déchirure est toujours présente et m’empêche de me déplacer sans douleur. Peu importe nous ferons avec les moyens du bord, nous devons enchainer les épreuves pour emmagasiner le plus d’expériences possibles (entrainés, moins entrainés, en forme, moins en forme), histoire de pouvoir donner notre maximum dans n’importe quelle situation et nous préparer au mieux à l’OtillO, où quelques soient les conditions il faudra assurer.

Nous réduisons donc l’allure et prenons un rythme de croisière, celui qui peut nous faire courir des heures et des heures ! On en profite pour déconner (comme d’hab quoi), profiter des paysages même si les éclairs et la pluie sont de la partie et ne nous permettent pas de profiter pleinement de ce que nous venons chercher sur ces courses aussi lointaines, le dépaysement, le cadre idyllique et varié qui rend ces espaces uniques et aussi fortement appréciables.



FIN AVRIL 19

ENTRAINEMENTS A BORDEAUX

Il faut savoir être raisonnable : toute la fin du mois d’avril, je ne cours pas un mètre de course à pied et j’essaie de soigner les douleurs en consultant (médecin, podologue, kiné et ostéo), c’est long, douloureux, mais ça semble allait de mieux en mieux. En plus de la déchirure est apparue une tendinite du talon d’Achille gauche, qui est bien plus douloureuse au quotidien. J’entame un protocole (Stannish) pour essayer de résorber cette inflammation. Heureusement il me reste l’eau pour pouvoir m’entrainer. C’est avec beaucoup de plaisir que j’arrive à me rendre 4 fois par semaine dans la piscine pour nager entre 2 à 3km, avec de belles séries à des allures intéressantes, pas aussi bonnes que quand j’étais jeune, mais il faut savoir oublier le passé, à vrai dire, peu importe l’allure, je me sens bien, j’ai l’impression d’avoir une « caisse » et de pouvoir maitriser tout ce que je fais dans l’eau !


GRAVITY RACE SALAGOU

Un petit weekend en famille à proximité de Montpellier! Premier swimrun avec ma femme Charlotte, accompagnés de son frère Rémi et Caroline sa compagne. Une découverte pour tous, visiblement concluante car dès le repas post course, nous nous projetons sur le prochain à faire ensemble ! Charlotte, malgré ses séances de préparation réduites à leur strict minimum à assurer un max. Sa combinaison était trop petite, il a fallu l’ouvrir même dans l’eau (qui par endroit n’excédait pas 10°), mais sur le dos avec un chéri qui essayait de la propulser régulièrement, le chrono final est correct. Une 15ème place mixte, 15min derrière l’autre équipe familiale (6ème). Bonne nouvelle pour moi, j’ai couru sans grosse douleur, la gêne était supportable et les talents de mon beauf qui est ostéo me permettent d’envisager la suite sereinement.

12 MAI 19

GRAVITY RACE JABLINES

J’ai 15 jours de cours sur Paris, et qui dit Paris, dit hébergement chez Jean Nicolas qui a la gentillesse de me loger (ou de me supporter). On en profite pour faire une petite course de préparation le dimanche donc, sans prétention histoire d’accumuler les expériences. En plus nous sommes 8 vieux neptuniens plus quelques supporters à nous rendre à Jablines. Sur le début de course, nous sommes en tête (ça ne nous arrive pas souvent) et à mi-parcours nous sommes 3ème à quelques secondes des seconds et un peu plus des premiers. Je ressens toujours une vive douleur au talon, mais quand on est devant il est difficile d’être raisonnable.

Pourtant le 2ème tour ne se passe pas comme prévu, je me tord la cheville dans un trou qui accentue encore plus la douleur du talon et nous nous trompons de parcours et sommes obligés de rajouter 600m de course à pied, de quoi perdre les traces des coureurs devant nous et de faire chuter notre moyenne, on est passé 5ème… Grâce à de belles nats, on vient échouer à 25secondes des 4èmes sur la ligne d’arrivée. Pas de quoi être déçu car la 3ème mi-temps qui nous fait nous rendre chez Stephanos pour un curry vert est génialissime. Tous les anciens et les nouveaux neptuniens sont là, et comme toujours on se projette sur les prochaines courses et les prochains à convertir à cette discipline.

Couac, après la course, ma tendinite est extrêmement douloureuse et m’empêche de marcher convenablement (voir de marcher tout court) bien sûr, j’en prends pour mon grade avec les railleries des autres en particulier JN qui me traite de canard boiteux et de pingouin 😊. Quelques jours de repos s’imposent.



9 JUIN 19

SWIMRUN VASSIVIERES



Finalement, le repos complet a été nécessaire en course à pied pour pouvoir me remettre un peu en état, mais les douleurs sont toujours présentes à ce putain de talon d’Achille, j’ai eu beau allé voir 2 ostéo et un kiné (Merci les gars : Manu, Xavier et Rémi) rien n’y fait. Notre programme de course avec Jean Nico a été établit bien avant mes blessures et nous sommes inscrits à Vassivières pour un swimrun sympa. Le matin de la course, il pleut, il y a du vent, j’ai mal… sacré cocktail, qui me met un petit coup au moral et me fait questionner, est-il nécessaire de participer à cette course si je ne peux rien y faire ? La semaine dernière déjà, je n’ai pas pris le départ d’une course à pied que j’avais programmé avec ma femme et mon beauf et sa compagne… J’ai mal putain… Je ne dis rien, j’essaie de me concentrer sur autre chose, je vais vers la ligne de départ.

L’excitation du départ me fait vibrer (qu’est-ce que j’aime ça purée) et le départ est donné sans que je n’informe qui que ce soit sur mes craintes. Bien m’en a pris, car les douleurs s’estompent avec la distance. Nous partons prudemment avec JN car la journée va être longue. Nous sommes inscrits sur le L/XL, c’est-à-dire que l’on a le choix de faire le L (26km de cap et 5 de nat) ou le XL (43km de cap et 8 de nat) : depuis quelques jours, on se persuade que, ne faire que le L serait bien plus raisonnable, JN sort d’un stage intensif de natation, où il a énormément nagé et je suis toujours blessé, mieux vaut être prudent.

Oui, mais voilà, la course se passe, notre allure est bonne, pas sensationnelle, mais correcte pour des gens qui ne courent jamais, cette allure nous la garderont quasiment du début à la fin, en nat on aura quelques mauvaises surprises (JN a les bras lourds) mais le fait de nager un peu en dedans, nous donne de l’énergie pour mieux courir. En gros on nage entre 1.40 et 1.50 au 100m dans l’eau, on ne double pas grand monde, mais on est bien, en revanche à pied, il nous arrive de doubler des équipes (choses que nous n’avions quasiment jamais faite par le passé, en courant à 5min au kilo).

JUILLET 19

BORDEAUX

C’est la fin de mon stage à la mairie de Bordeaux. Je n’ai pas pu depuis Juin faire tous les entrainements que j’aurai voulus, mais je gère au mieux. Nous avons repris le groupe Eau Libre et j’ai un petit collectif qui m’accompagne régulièrement au lac de Bordeaux pour y nager, c’est tellement spécifique de nager en milieu naturel que ça donne plein d’automatisme pour ÖtillÖ, je dois adapter ma technique, ma respiration et les nombreuses sorties me permettent de me sentir de plus en plus en confiance.

Fin juin, je me fais un weekend compétition, le samedi soir un swimbike dans le concept sympa offre des parties natation alternées avec des parties VTT, je fini à la 3ème place à quelques centièmes de la seconde place. Le dimanche matin un swimrun format S en solo, où je fini second et l’après-midi la traversée de Bordeaux où là aussi je fini second à quelques centièmes d’un ancien nageur de l’équipe de France d’eau libre. J’enchaine sans trop de fatigue les entrainements et les compétitions, je m’affine et je sens que musculairement ça répond comme je le veux.

Le weekend du 6 et 7 juillet, nous faisons un gros weekend avec Jean Nic, le 6, 2 triathlons dans la journée, un XS individuel le matin, où je prends la 3ème place, l’après-midi un S par équipes, où j’ai plus de difficulté sur la partie course à pied (je supporte mal la chaleur visiblement). Le lendemain matin, nous participons à un 10km eau libre à Bombannes, je me suis un peu gouré sur l’heure de départ, heureusement les organisateurs ont fait retarder légèrement le départ pour que l’on puisse participer.

Je n’ai pas les bras frais, et je galère un peu, cardiaquement tout va bien, mais musculairement, je suis défoncé !! Bilan, 2h40 sur ce 10km. L’enchainement prévu l’après-midi avec une sortie longue à pied, sera sans moi, je ne fais qu’un petit footing à allure plus que lente. Heureusement Jean Nic assure et lui fait le métier. Va vraiment falloir que je mette les bouchées doubles pour ne pas lui faire trop honte le jour de l’ÖtillÖ.


18 AOUT 19

NORVEGE ET BORDEAUX

Fin Juillet et début aout, nous faisons notre voyage de noces avec Chacha, 15 jours au nord de la Norvège, en camping-car, bateau puis à pied. Un vrai dépaysement, source d’énergie. Nous en profitons pour parcourir quelques chemins de randonnées forts sympathiques dans les îles Lofoten et découvrir les méandres des rues d’Oslo sous une météo capricieuse. A mon retour, mon père qui gardait la maison et les chats durant notre absence, m’accompagne pour une petite semaine d’entrainement à la maison, que l’on écourtera assez tôt, suite à une belle gamelle à vélo pour lui, qui a failli me couter quelques belles brulures.

2 SEPTEMBRE 19

ÖTILLÖ WORLD CHAMPIONSHIP

Nous y sommes, le défi de l’année (peut-être d’une vie) arrive à grand pas, il est temps d’aller en Suède pour participer à ces championnats du monde de swimrun. L’été a été plutôt bon, j’ai pu m’entrainer conscienseusement au mois de juillet, en natation notamment, en profitant du lac de Bordeaux. Début aout, j’ai quand même tout stoppé tout : il est venu le temps de l’affutage. Notre voyage de Noce avec ma Chacha a été magnifique, mine de rien, la météo et les paysages m’ont rappelé les conditions que j’aurai en suède. Un cocktail qui m’a fait sentir tellement zen, que j’en ai oublié d’aller courir et mes brèves tentatives pour aller nager ce sont soldées par des échecs, la mer de Norvège (qui est en fait l’océan arctique) est bien trop froide pour moi (11° et en slip, c’était trop… ou pas assez 😊!) Bref, nous voici donc jeudi 28 aout, en direction de l’aéroport CDG avec Jean Nic et ses parents. Nous sommes détendus, enfin je le suis et du coup j’ai l’impression que tout le monde l’est.


Arrivé à Stockholm, nous nous rendons dans un AirBNB pour passer quelques jours avant le grand départ. Le vendredi après avoir marché dans la vieille ville (que Stockholm est beau !) nous nous rendons à la piscine olympique de la ville où nous avions rendez-vous avec Yann, un de mes ex Adultes loisirs que j’ai eu pendant 2ans à Juda il y a déjà 10ans… En plus de passer un moment de détente et de souvenirs avec Yann, nous découvrons un complexe sensationnel, 2 bassin de 50m, 2 bassin de 25m, 2 fosses à plongeon, sauna, hammam, 2 restaurants, le jour où on aura ça en France, on pourra prétendre avoir des champions ! Je suis très surpris par le mode de fonctionnement de l’établissement, pas de maitre-nageur, il est indiqué que nager est à nos risques et périls ! La piscine est ouverte de 6h à 22h et pendant les horaires forts (6-9 et 16-21) les lignes sont quasiment toutes occupées par les clubs et la sélection nationale. Le rêve d’importer ce concept en France, m’envahit l’esprit… mais le modèle économique est fragile, l’entrée dans l’établissement est à 9€, pas sûr que les français soit prêt à payer autant pour nager dans 3 lignes de 25m à 50 dans la ligne quand les clubs sont à côté…

ÖtillÖ c'est par là!

Le samedi, nous rencontrons un nombre conséquent de Frenchies qui sont comme nous qualifiés à l’ÖtillÖ. J’y retrouve quelques têtes connues sur les bassins de natation. Un coach, des anciens nageurs de l’EDF et des connaissances déjà vus sur les précédentes compétitions de swimrun. Nous en profitons pour partager un swim matinal en commun et un repas convivial en fin de soirée. De quoi tous nous détendre.


Le lendemain c’est le grand départ pour le briefing de course. Rendez-vous à 13h à la gare centrale où nous prenons l’un des bus de l’organisation, quasiment tous les binômes sont là, des champions du monde en titre aux petits nuls comme nous ! Car oui, on ne se sent pas forcément à sa place ! J’ai plus une taille et une tête d’accompagnant que de sportif prêt à relever le défi. Mais ce rendez-vous nous permet au hasard de nous installer à côté de bordelais très sympathiques ! Après cette escapade en bus, qui nous fait découvrir les paysages somptueux de la banlieue de Stockholm, nous arrivons dans un l’hôtel, où nous ferons le briefing et passerons la dernière nuit avant la course : il est majestueux : une piscine de 25m (dans laquelle nous avons pu nager seul pendant plus de 30min avec JN), une salle où nous avons pu suivre le briefing de course (la vidéo de la précédente édition m’a fait monter les larmes aux yeux, mais comme il y a avait du monde à côté de moi, je les ai retenu, et un immense restaurant, où nous dinons à partir de 19h15, afin de nous coucher tôt. 21h15 extinction des feux, réveil à 3h35. La nuit est compliquée, je ferme les yeux à 22h, mais je n’arrive pas à dormir, le cerveau cogite un peu, et même si je n’ai pas peur, mon horloge biologique n’a pas l’habitude de se coucher aussi tôt. Vers 1h du matin, je pense que je m’endors profondément et je me réveille un peu avant le réveil vers 3h, pour aller faire un tour aux toilettes, où la qualité de mon caca me fait prendre conscience que je ne suis pas si serein que ça, et qu’en aucun cas durant la journée, il faudrait que j’ai envie d’une grosse commission, sinon, il en resterait la moitié dans la combinaison !


Je m’habille à 2 à l’heure et zappe le petit déjeuner, je me suis préparé un gâteau sport la veille, il devrait me suffire pour avoir de l’énergie pour la course, je le mange en m’habillant et en garde pour le trajet en bateau qui nous mènera au départ. Il est 4h30, nous suivons les bougies qui nous mènent au bateau, et profitons des 45 min de trajet. Jean nic écoute de la musique motivante en consultant la carte du parcours et en ce qui me concerne, je regarde les autres finir de s’habiller, stresser, envoyez des mails, prendre des photos etc… Je ne suis toujours pas dans la course et n’ait pas du tout conscience que ce qui nous attend peut s’apparenter à l’enfer ! Les vidéos que j’ai vu de cette course, me donnent les larmes aux yeux, comme si c’était impossible de réaliser l’exploit de la terminer. Mais sur ce petit bateau, je n’ai pas d’émotion négative, juste l’envie que le départ soit donné, pour voir comment on va gérer nos forces durant cette magnifique journée. A l’arrivée du bateau, je sors dernier de celui-ci, je profite de chaque secondes. Pendant que tout le monde se précipite aux toilettes, je m’échauffe les bras et je contemple le port qui nous accueille. Nous faisons quelques photos avec Jean Nico et les filles, puis nous nous rendons sur la ligne de départ.


Jean Nic, veut s’avancer un peu pour se retrouver au milieu des gens, j’avais plus envie d’attendre sagement derrière, mais je le suis finalement, il a l’air concentré et déterminé. Ça reste une compétition, je ne dois pas faire comme d’habitude à prendre ça comme une récréation. Le départ est donné, un bruit sourd de pétard, la meute est lancée, nous courrons, marchons, courrons, au grès des concurrents devant nous qui sont plus ou moins ralentis suivant les virages et le terrain qui se présente devant eux. L’allure est rapide, mais supportable. Jean Nic double des concurrents, je joue un peu des coudes pour le rejoindre et rester dans son sillon. La première mise à l’eau arrive, la plus grande : nous devons être assez loin de la tête de course, car je vois énormément de monde dans l’eau, je vois aussi très bien l’endroit où nous devons nous rendre un phare qui scintille le jour vient à peine de se lever. Nous avions convenu avec JN que je ferais la natation en tête, car je suis un poil plus costaud avec les plaquettes et surtout, je ne suis pas mauvais sur les prises de cap (il faut bien que les années d’eau libre payent) 1700m donc à nager, 5.57 au premier 400, ma montre bip et m’indique que nous sommes donc à environ 1.30 de moyenne sur ce début de parcours, 6.00, 5.52 et 5.27 sur les 400m suivants, nous sommes biens, Jean Nic suit le rythme en restant très proche de me pieds, nous avons doublé pas mal de monde en prenant très à droite par rapport aux autres, j’ai 1680m sur la montre, on n’a dû être dans le vrai sur ce cap-là. Fin de cette première nat heureux, j’ai pu apercevoir la tête de course sortir de l’eau, nous ne sommes pas très loin, maintenant voyons comment nous courons.


Dès la sortie de l’eau, grosse désillusion sur l’accroche des XTalon 210 quasi neuves que j’avais pris l’habitude de chausser! Certes leur belle couleur orange est flashy mais la semelle n’accroche pas du tout sur les rochers visqueux des rives baltes ! Normal, il pleut encore un peu et les cailloux avec un peu de vase, sont une vraie patinoire, j’admire d’ailleurs les cascades de nos camarades de jeux mais pas longtemps car je prends un appuie et je glisse, je fais 3 pas, je re-glisse, puis 10 et je re-re-glisse… Oh que ça va être long cette course à pied, nous adaptons notre vitesse avec Jean Nic pour ne pas nous casser la gueule, enfin limiter le plus possible nos passages sur les fesses, car même en étant prudents, on accumule les chutes. Nous nous faisons doubler par pas mal d’équipes ! J’essaie de les compter, mais je laisse très vite tomber, nous marchons, analysons l’endroit le moins casse gueule par lequel passer pendant que les autres courent à côté de nous, heureusement, certains se prennent de beaux gadins, et nous leur demandons si tout va bien, même si perso, je me fous un peu de leur gueule intérieurement 😉. 860m en un peu plus de 15min, on est parti sur des bases très très lentes ! Et dire que je n’ai pas noté les barrières horaires, croyant qu’on n’aurait aucun mal à les tenir… Nous allons tellement lentement et nous nous déplaçons tellement à 4 pattes, que ma montre crois que je repasse en mode eau libre toutes les 30 secondes, ce qui fait que je n’ai plus d’allures, ni de cumul de distances : je fais tout au feeling, à l’ancienne !

Contrairement à toutes les autres courses, je n’ai pas appris le parcours par cœur, beaucoup trop de transitions sur celle-ci, j’ai eu la flemme, du coup, j’ai noté sur mes plaquettes les distances que nous avions à faire. Mais pas de notion d’horaires ou de km restants, juste toutes les portions les unes à la suite des autres ! Ce qui permet à mon cerveau de ne pas trop se douter de ce qu’il reste à faire. J’ai tellement regardé les vidéos des saisons passées et lu la carte, que je pense que je la maitrise, de toute façon, je sais le principal, il y a un semi un peu avant l’arrivée, qui est dur et il faut garder de l’énergie pour le passer au mieux ! Okay, nous adoptons de toute façon une allure tranquille avec Jean Nic pour se préserver pour ce fameux semi ! (là où les filles avaient abandonné l’année dernière, ce qui confirme sa difficulté). Heureusement que sur les plaquettes, j’ai noté les distances car toutes les 5min, je regarde ce qui suit, ça permet de s’occuper l’esprit et de ne pas perdre trop de lucidité, car sur ce genre de course, c’est bien ça qu’il faut gérer au mieux, la lucidité ! Ne pas courir trop vite pour ne pas griller ses forces et pouvoir tenir toute la distance.

Sur la 5ème course à pied, arrive une partie de 8km4, nous avons un ravito solide, le premier, je m’en réjouis, car les ravitaillements c’est très important, c’est ce qui permet de recharger les batteries pour la suite de course, je n’avais pas la sensation de faim, mais je prends quand même beaucoup d’eau et des bananes en quantité pour ne pas le regretter quand j’aurai un coup de moins bien ! C’est aussi à ce moment que l’on voit pour la première fois de la course les parents de Jean Nico, leur présence donne de l’énergie et fait un bien au moral de dingue. On est serein sur notre faculté à terminer, mais échanger avec eux même quelques secondes, ça permet de faire un retour sur ce que l’on a déjà fait et sur ce qui nous attend ! Eux aussi, nous rassurent, en nous indiquant les places de chacun et les écarts avec nos concurrents. Un bilan qui nous donne de la confiance pour aborder la suite.

Peu après ce ravitaillement, on reprend notre rythme de croisière avec mon bon Jean Nic. Je regarde ma montre, nous courrons à 6.10 au km… c’est plutôt lent et je suis pourtant déjà un peu dans le rouge… merde, la journée va être plus longue que prévue et mes prévisions n’étaient pas bonnes ! Je nous imaginai courir à 5.30 6.00 au pire, mais là 6.10 en étant quasi à fond à même pas 1/5 de la course… on est mal !!!! Je décide d’accélérer sans prévenir Jean Nic pour repasser à un rythme convenable, mais en regardant ma montre, je m’aperçois que le chrono ne descend pas. C’est à ce moment précis, où je dis à Jean Nic, que je suis désolé mais que je n’avance pas et que je suis presque à fond, il me répond avec le souffle un peu coupé, normal mec, on est à moins de 4.10 au kilo depuis 5 min, calme toi !!! Visiblement ma montre bug. Je décide de l’éteindre et de la rallumer, dommage, je n’aurai pas sur les stats de Garmin ou de Strava, un tronçon de malade de 75km… remarque on s’en fout un peu ! En faisant toutes ces manipulations, on en oublie de regarder les pancartes sur le parcours, et heureusement une équipe nous aperçois nous tromper de chemin et nous crie WRONG WAY, on est bon pour revenir sur nos pas, et éviter de finir l’épreuve en Finlande 😊.

Après cette première course à pied un peu longue, je contemple ma plaquette ou sont notés les distances, après un rapide calcul, je me dis qu’en fait c’est facile ÖtillÖ, en gros il y a 2 fois 10km à courir, un semi et tout le reste c’est du gâteau ! Bref, on enchaine les parties natation où on nage facile (on aperçoit même des méduses dans cet eau sombre) et les parties course à pied, où on court à allure moyenne car on a toujours l’impression que ça va glisser… Sur une nat, j’aperçois même le bateau où les supporters sont installés pour suivre la course, je vois le drapeau des Vieux Neptuniens avec les parents de jean Nic qui s’agitent, je leur fais coucou et siffle pour leur montrer que l’on est bien là et en forme. Avec Jean Nico, on est très surpris de toutes les portions techniques à pied, on était persuadé que c’était tout plat et qu’on pourrait courir vite sous les sous-bois, que nenni. Et à vrai dire, on ne s’est pas préparé pour ça… du coup on invente des façons de gérer les passages délicats. Un coup on fait une descente en rappel, un coup du toboggan sur les fesses avec nos belles combinaisons néoprène, un coup de l’escalade en poussant sur les fesses de la personne qui nous précède pour l’aider un peu. Bref on s’adapte ! On est tellement dans l’innovation que mon bon Jean Nico me voit galérer pour une descente abrupte, du coup il analyse ce que je fais et décide de se débarrasser de ses plaquettes pour descende plus facilement. Mais il les jette 3 mètres devant lui (c’est-à-dire à 50cm de ma tête 😉) mais surtout dans un trou qui fait 2m de profondeur, du coup j’y descends pour récupérer son matos : encore une anecdote sympa qu’on pourra se remémorer quand on sera des vieux cons (ne reste plus qu’à vieillir remarque…).

Bref, arrive le Pig Swim portion de natation réputée difficile car ventée et souvent agitée. Elle l’était. 1400m durant lesquels je suis bien, mais tellement bien que j’ai envie de tartiner, on en est à 7h de course et j’ai l’impression que la course n’a pas commencé, que nous sommes en promenade depuis le début et que nous sommes à l’approche de LA course qui se résume dans ma tête à ce semi-marathon. Je me modère car mon binôme préféré subit un peu les effets de la houle et surtout du froid. Je vois bien que sa technique est moins bonne, que la respiration est difficile, que la fraicheur le raidit et l’empêche de poser sa nage et à ses bras de se relâcher sur les parties aériennes, je sens que ça va laisser des traces cette affaire. On ne remonte pas beaucoup d’équipes, mais on en remonte quand même. Y a pas à chier dans l’eau on est quand même au-dessus par rapport aux autres de notre niveau swimrun et mine de rien, ça fait du bien au moral. Le moral qui permet tellement de positiver et d’avancer. A cette sortie de Pig Swim, une gentille bénévole, nous tend un Twix, le meilleur de toute ma vie, il n’était pas prévu de ravitaillement à cet endroit, mais que ça a été appréciable de profiter de ce petit apport aussi bien énergétique que moral. Encore quelques enchainements nat/course à pied avant le semi, moralement je suis surexcité, je n’ai aucun doute sur notre capacité à terminer cette course folle, même si le bras de Jean Nicolas est encore un peu en sang, il est tombé lourdement en début de course et que mon genou saigne aussi, mais moins que son coude, mais qu’il grossit gentiment. Ce genou devient handicapant sur certains appuis et fait mal quand on appuie dessus, mais comme je n’appuie dessus que par inadvertance (genre avec un bon coup de plaquette) ça passe crème ! J’ai aussi une astuce, c’est que je ne pense absolument pas à ce genou qui a doublé de volume, je me concentre plus sur les éléments extérieurs comme le dénivelé, le parcours et notre allure, ça m’évite donc de penser à ce que je ressens physiquement.

Et à force de penser à autre chose : Bim, on arrive sur l’ile de ce fameux semi. Les 2 premiers kilomètres sont en sous-bois, bien plus compliqué que ce qu’on imaginait, je ne me souvenais que des lignes droites sur bitume où les premiers ont l’habitude de courir. Du coup, nous on marche, on profite de la joie d’être dans un pays hors du commun, où les paysages sont juste grandioses. La nature est partout et on se sent bien, tellement bien qu’on n’a pas envie de courir, mais juste de profiter. On enlève pour la première fois de la course le haut de notre combinaison, pas qu’on ait chaud, mais juste on respire mille fois mieux, tellement mieux, qu’on a envie de courir 😊, du coup, on repart à une allure correcte sans forcer. On arrive au milieu du semi, au fameux T14, un ravitaillement qui nous parle car depuis un an, les filles Sylvie et Sophie n’ont que ce mot à la bouche, c’est là où elles avaient abandonné l’année dernière. J’ai forcément une pensée pour elles et j’espère de tout cœur, que cette année, elles vont non seulement revoir ce T14, mais repartir de là, avec le sourire et l’énergie pour terminer cette épreuve! Comme sur toute la course, nous nous arrêtons un laps de temps très important à ce ravitaillement, on boit, on mange, on reboit, des équipes nous rejoignent, puis partent sur la suite du parcours pendant que nous, on remange et on reboit ! On est bien avec de la bouffe et des bénévoles si accueillants et sympathiques, tellement qu’ils arrivent même à rigoler à nos quelques vannes. C’est aussi ce ravitaillement, où l’on a le droit à un stand NOCCO, sorte de boisson énergétique sans sucre. Je goute tous les gouts à notre disposition, histoire de choisir celui que je préfère : Bilan, j’ai eu envie de les recracher toutes quasiment.

Bref, on repart avec Jean Nico en même temps qu’un couple de français, avec qui nous sommes restés 2 ou 3 kilomètres, de quoi aérer l’esprit, ne pas penser à la douleur et parler de choses et d’autres. J’en profite pour les questionner sur leur préparation et je me dis que j’aimerai bien être coach d’un groupe de gens aussi fous que Jean Nico et moi. Du coup, comme on court un peu plus vite qu’eux, on les distance pour la fin du semi et je me mets à rêver d’une structure et de lieux d’entrainements. A T14, on nous avait annoncé qu’il ne restait plus que 15km avant la ligne d’arrivée. 15km en courant et en nageant, ça peut paraitre beaucoup, mais à la vue de ce qu’on a déjà fait, on a l’impression que c’est bientôt fini. Du coup, on a le smile et on se croit les plus beaux du monde, on se met à faire des calculs de savant (des additions et des soustractions, hein, mais quand t’es fatigué, ça demande tellement d’énergie que tu as l’impression que tu fais des nombres complexes…) du coup on en arrive à la conclusion suivante ; on va faire moins de 11h. Ça nous satisfait ! J’avais calculé les semaines précédentes que pour être en page 1 des résultats, il fallait faire un tout petit peu plus de 10h de course. On n’y sera pas, mais c’est quand même pas mal. Arrivés aux ¾ de ce semi, au détour d’un virage, nous tombons nez à nez avec un ravitaillement sauvage : des habitants de l’île qui passent leur journée devant leur maison à proposer de l’eau, des confiseries (qu’est-ce qu’ils étaient bons leurs kitkat…) et surtout du salé : des chips !!! Sur tous les autres ravitaillements de l’organisation, il n’y en avait quasiment pas eu, et j’en avais fortement envie, là encore nous nous sommes arrêtés 5 min pour que je puisse me gaver de ces chips toutes simples, mais qui m’ont paru les meilleures du monde 😊.

Juste après ce ravitaillement, on tombe sur des champs de je ne sais quoi, où les branches au sol qui me semblent être des roseaux sont plus grandes que moi, on réduit considérablement l’allure, on oublie le chrono et on essaie de se frayer un passage sans perdre une chaussure en route. Arrivés à la fin de ce semi qui à ma montre ne faisait que 18km… (J’ai dû prendre un raccourci ?) mise à l’eau pour un petite swim, là il y a les caméra du live ÖtillÖ et certains d’entre vous (merci de nous avoir suivi en live toute la journée) ont pu s’apercevoir que sur les mises à l’eau on n’est pas super rapide. Bilan, encore quasiment 5min pour se préparer et voir 4 ou 5 équipes nous passées devant. On s’en fout tellement : On va finir ÖtillÖ et ça suffit largement à notre bonheur. Il ne reste plus que 6 natations minus (entre 20 et 350m) et un peu de course technique, avec les 3 derniers kilomètres sur Uto, où a lieu l’arrivée. Avant dernière natation, je dis à Jean Nico, c’est bon, c’est la dernière, après on arrive !!!! Je vois bien qu’il n’est pas au top de sa forme depuis la mi-parcours, même si elle a des regains d’énergie à certains endroits, mais j’essaie de trouver des mots rassurants qui lui permettent de se donner des petits objectifs faciles à réaliser et qui donnent la patate. Au final, on court 500m après cette dernière nat et je m’aperçois qu’il en reste encore une. Jean Nico, ne m’en veut pas, mais ça prouve une chose c’est que malgré ce que je pense, je perds un peu en lucidité. Restons concentré jusqu’au bout. On se remet à l’eau donc pour la dernière fois, il y a pas mal de courant, mais on prend un bon cap, que 100m à faire, mais je mets 20secondes à mon bon JN qui semble avoir subi ces petits passages express dans l’eau froide.

Dernière sortie de l’eau, on rencontre le bénévole qui pour la 1000ème fois de la journée et comme tous les ans, nous crie dessus : « This was your last swim, Welcome to Utö, the Island of Love » il aurait pu me dire n’importe quoi je m’en foutais, je l’ai pris dans mes bras et lui fais un gros hug ! Il devait être content, vu que j’étais trempé… Bref, il nous reste 3km, on va terminer la course !!!! J’ai l’impression que tout ce qu’on a fait avant ne s’est pas passé, mes jambes veulent courir vite, ma tête, veut aller à l’arrivée le plus vite possible pour profiter de la quiétude de l’île, du soleil, d’un canapé, d’une bière, de Nutella, je pense à ma femme, mes parents, mes amis, à ceux qui ont contribué à la cagnotte en ligne, ils n’ont pas donné tout ça pour rien. Bref, je me laisse submerger par mes émotions. On voit au loin, le papa de Jean Nicolas, qui s’est fait amener à notre rencontre par un organisateur en Quad, il reste à côté de nous quelques mètres, prends des photos. J’en profite pour faire genre que tout va bien 😉 et nous dit qu’il nous attend à l’arrivée. Qu’est-ce qu’il est bon ce Yves, il a réussi à voir notre temps de passage au dernier pointage et imaginer que l’on allait arriver sous peu et il a trouvé un moyen de locomotion original pour pouvoir nous suivre 😊. Dès qu’qu’Yves s’éloigne, je sens Jean Nico en grande difficulté, il est de plus en plus blanc et ne répond plus aussi bien aux sollicitations, ses propos sont parfois incohérents et je n’ai pas peur qu’il ne finisse pas (dans tous les cas, je l’aurai porté), mais j’ai peur qu’il y ait des séquelles après l’arrivée. Il a tellement subit mes méformes sur les courses précédentes, que je dois lui filer le plus possible de mon énergie, j’essaie de l’encourager, de l’aider en le poussant doucement dans le dos, mais je sens que c’est dur, très dur, j’en ai les larmes aux yeux de le voir mal et de ne plus pouvoir profiter de la chance inouïe que nous avons d’arriver jusque-là.

A 600m de l’arrivée, il me dit stop, on marche, il va de soi que je ne le force pas, tant pis si une équipe nous passe devant dans ce secteur, la place est tellement accessoire. A l’approche de l’arrivée, nous croisons des français qui nous encouragent (qu’elle est belle et sympa cette entraide entre participants), des suédois que nous avions rencontrés en Pologne et surtout les parents de Jean Nic qui ont passé la journée à essayer de prendre des photos, à scruter leur téléphone pour voir nos temps de passages aux différents check point. Brigitte, la maman de Jean Nic, nous tend sa main pour qu’on lui tape dedans afin de nous féliciter, Jean Nico lui tend alors ces plaquettes, ne sachant pas trop ce qu’elle attendait de lui. Il reste 60m, JN veut passer la ligne en courant, nous nous exécutons. Il la fixe, je sens que c’est devenu son obsession avant de pouvoir relâcher la pression et pouvoir récupérer un peu. On passe la ligne, je lève les bras et je vois mon bon JN se mettre sur la droite pour tomber dans les bras de son père… L’émotion est forte, je suis fier d’eux. Puis quelques secondes plus tard, Michael, se dirige vers JN pour lui remettre sa médaille, s’en suit une accolade là aussi pleine d’émotion, je prends le relais de la remise de médaille en récupérant la mienne, puis je ne traine pas, je me dirige vers le buffet pour manger du salé !!!!


J’en oublie Jean Nico, qui fonce voir les médecins pour montrer son coude ensanglanté. Il revient 15min plus tard, j’en suis déjà à mon 5ème sandwich et ma 4ème canette NOCCO Citron (finalement c’était le gout le moins pire et à vrai dire, après la course, ça m’a paru la meilleure boisson du monde !) Les parents de Jean Nico, ont assuré grave, ils nous ont déjà mis nos affaires dans la chambre qui nous attend à 400m de l’arrivée. J’y prends une douche « chaude » un pur bonheur, en essayant de nettoyer toutes les affaires. En attendant les filles qui ne devraient pas tarder, je me balade à l’arrivée, on débriefe de la course avec quelques autres participants dans un sofa fort confortable, j’en profite pour reprendre des sandwichs, mais je n’ai pas envie de bière, ni de coca, ni de Nutella… ce n’est pas normal !

J’appelle mes proches pour leur raconter notre folle journée, et je confectionne une pancarte d’encouragements pour les filles ! Elles arrivent donc et j’essaie de filmer l’émotion qui se dégage de leur fin de parcours, je pique un sprint (tiens j’ai encore les jambes en état de courir) pour filmer également leur passage de ligne, c’est en voyant leur émotion que je me dis que je ne suis pas normal, de mon côté, il n’y a pas eu de sentiment de fierté particulière, pas d’euphorie, pas d’exultations. Juste le sentiment d’avoir fait le travail. Quand on s’entraine et qu’on se donne les moyens de réussir, c’est dans la logique de réaliser ce qu’on avait décidé, ni plus, ni moins. Je ne suis pas malheureux, je ne suis pas le plus fier du monde, je suis juste heureux d’avoir vécu ce moment.

La fin de journée n’est que détente, je reprends une douche, je reprofites du sofa, on part diner avec toute notre team Les vieux Neptuniens, mais je n’ai plus très faim avec tout ce que j’ai mangé avant… et puis je commence à fatiguer… il est temps d’aller se coucher. A peine installé dans le lit, je dois mettre 15secondes à me mettre à ronfler et à gêner la nuit de tous les habitants du village ! Le lendemain de course, debout à 6h pour le petit déjeuner et pour prendre le ferry qui nous ramène à Stockholm. Il y a beaucoup de gens qui dorment sur ce bateau, de mon côté, je m’exalte devant les paysages que l’on croise, et dire qu’hier on était sur toutes ces iles… Je n’ai pas envie de rentrer, je veux rester ici toute ma vie !!! C’est trop beau et c’est trop sentimental maintenant. Les adieux entre concurrents sont touchants, tout le monde se faisant des câlins comme si nous étions maintenant tous de la même famille : de ceux qui ont fait ÖtillÖ. Avec mon bon Jean Nico qui a repris des forces, on profite de cette fin de journée pour encore profiter des charmes de la Suède. Non pas des suédoises, on n’a plus assez de force pour ça, mais par contre pour les saunas, billards et repas, on s’en donne à cœur joie. Heureusement le surlendemain de course c’est grâce matinée, levé à 6h45 pour prendre l’avion et rentrer à la maison…

La fin d’une belle aventure.

20 SEPTEMBRE 19

RETOUR A LA REALITE

Que le retour est dur. C’est la rentrée, il faut se remettre dans le bain, le corps est présent mais la tête est restée encore quelques jours en Suède. L’envie folle de recommencer est plus qu’omniprésente. On se croit à rêver d’une nouvelle qualification, d’une préparation plus adaptée, d’une gestion différente le jour J. Bref, ça cogite grave dans le ciboulot. Mais je dois revenir à la réalité, cette année, je dois mettre mon énergie autre part que sur des défis un peu fous ! Je dois valider mes diplômes, faire un bon stage à la mairie de Bordeaux et ensuite trouver du travail rapidement. Si avec tout ça, je trouve le temps de profiter de mes amis, de ma famille et de ma femme, ce sera déjà génialissime.

Mais je reviendrai un jour participer à cette course qui me fait encore rêver…